Dans quelle dictature sommes-nous ?
Les flics qui raflent des grands-pères à la sortie des
écoles de Belleville. Les faits affluent pour prouver que la
volonté populaire se voit quotidiennement confisquées au
profit des oligarques. La suspension de
hauts-fonctionnaires à cause de leurs convictions
républicaines. L'éloge du travail (forcé) qui n'a
jamais autant représenté la forme moderne de l'esclavage.
Les contrôles tatillons dans tous domaines, détention
d'arme, surtout si elle est déclarée et légale,
interdiction de fumer, de boire. Haro jeté sur le sucre, sur la
viande, sur la nudité, le sexe. Mitterand parlait d'espaces de
liberté. Aujourd'hui sous couvert de "libéralisme, tout
ce qui n'est pas permis devient interdit. Il s'agit là de la
définition même de la dictature. On nous parle en ce
triste cinquantenaire des traités de la CECA (Communauté
Européenne du Charbon et de l'Acier) de liberté d'aller
et de venir. Jamais les contrôles de la PAF et des douanes n'ont
été aussi nombreux. Essayez-donc de prendre un avion sans
que vos papiers, vos bagages, vos chaussures, votre slip ne soit soumis
aux détecteurs de métaux et d'explosifs, et sans que
votre identité ne soit vérifiées et
revérifiées avant d'embarquer. Nous ne sommes plus
à une connerie prêt, ni au point de relever les mensonges
au fur et à mesure qu'ils sont proférés.
Maintenant, la police est mondiale. Battisti en témoigne. Elle
sert les intérêts des riches et des puissants. Elle
s'abstient de protéger les pauvres, les abandonne à la
loi du et prend plaisir à les réprimer que ce soit
au Brésil ou en France.
Il y a quelques semaines, j'ai achevé la lecture du Talon de Fer de Jack London. Un ouvrage de 1906, si je ne m'abuse, prophétique
en nombre de points, comme la censure insidieuse qui frappe toute
contestation du système, comme sur la création d'une
classe d'ouvriers supérieurs, des cadres moyens avant la lettre,
courroie de transmission des oligarques. Comme sur la révolte
provoquée par le pouvoir pour susciter une répression
sanglante, puis organisée et enfin triomphante qui finit au bout
de plusieurs siècles par secouer l'Amérique sujettes
à la dictature. Une dictature ou les hommes politiques ne sont
plus que les instruments des groupes dirigeants économiques. Une
dictature qui pourrait voir le jour dans les prochaines années.
London n'a pas écrit que des contes pour enfants et des romans
d'aventure. Il était aussi membre du Parti socialiste
américain et n'en a démissionné que lorsqu'il a
compris que cette organisation abandonnait ses ambitions
révolutionnaires. Aussitôt après, il s'est
suicidé. Sans doute, craignait-il que ses visions prennent corps
plus rapidement qu'il ne l'avait imaginé.
A seize ans, j'avais connu une certaine fascination pour Martin Eden.
Le roman d'apprentissage américain qui fait pendant aux
Illusions Perdues. Un des seuls livres que j'ai relu au moins deux
fois, trois, je crois. Probablement parce qu'il recèle une
satire sociale de la bourgeoisie américaine sans pitié.
Parce qu'il dénonce les hypocrisies, les escroqueries d'une
socièté qui prétend malhonnêtement que
chacun peut accéder aux sommets de la hiérarchie et des
honneurs. Un grand livre.
Encore
un exploit de Sarkoko ! La révocation du recteur de Lyon en
Conseil des Ministres. Donc cette vieille baderne de Chirac n'a rien
trouvé à redire. Républicains en peau de lapin !
Voilà donc ce que le ministre des incultes veut nous imposer :
des gamins qui étudient le Coran au lieu de Voltaire et Marx,
des filles voilées, une éducation créationniste,
des ayathollas et pourquoi pas la lapidation des femmes
adultères au nom du respect des coutumes religieuses et du
communautarisme ?
Alain Morvan s'était déja fait remarqué de sa
hiérarchie en combattant victorieusement les thèses
révisionnistes enseignées dans l'université dont
il avait la charge. A ce moment pour lutter contre ceux qui nient
les chambres à gaz et les massacres perpétrés par
les Allemands entre 1942 et 1945, il lui avait fallu batailler ferme
avec Lucie Aubrac pour vaincre les partisans d'une prétendue
liberté de l'enseignement supérieur. Maintenant, il chute
sur le Sarkozorro qui entend préserver ses bonnes relations avec
les islamistes de tous poils. Sarko, c'est la providence des
intégristes.
Manque de pot : certains dans son
camp pensent qu'il en fait trop. En particulier l'Opus Dei qui apporte
son soutien à Bayrou plutôt qu'au révisionniste de
la loi de 1905 sur la Séparation. Qui croyez-vous qui finance la
campagne du candidat UDF si ce n'est les patrons de l'assurance et du
luxe proche de l'Oeuvre ? Là, il l'a dans le baba, le Sarko. Il
comptait bien avoir leur soutien dans les prêches du dimanche.
C'est cela qui lui fait tirer la gueule au candidat de l'UMP. En
France, pas possible de se faire élire sans le soutien des
curetons. Une belle épine dans le pied de celui qui se veut le
défenseur de la croix et du croissant ! Une épine en
forme de cilice. Oups ! Ca gratte !
Alors, il doit essayer de troquer le soutien des goupillons contre
celui des imams. Allah est grand ! Mais à propos, il est grand
comment, Allah ?
Réponse au second tour des présidentielles.
PS : Dans le genre SM, c'est une belle invention, la cilice.
Comment ne pas réagir à l'arrestation de Cesare Battisti ? Personne ou presque ne se
demande plus ni ce qu'il a fait, ni ce qu'il est devenu depuis les
Années de Plomb italienne. Toujours est-il qu'il s'est vu
condamné par un tribunal qu'il ne l'a pas entendu puisqu'au
moment de son procés, il résidait en France.
Condamné à perpétuité sans avoir pu
participer à sa défense. Et voilà que Sarko, le
sauveur, le Zorro de la droite, retrouve sa trace et le livre pieds et
poings liés entre les mains des Brésiliens. De quoi je me
mèle ? Si les Italiens tenaient tant à sa capture,
n'était-ce pas à eux et à leurs redoutables
Carabinieri d'aller le chercher ? Que sont venus faire les flics
français dans cette affaire. Il faut dire que depuis la mort de
Papon, les cerbères préposés à la
sécurité de ce salaud devait se sentir quelque peu
désoeuvrés. Peut-être sont-ils ceux-là que
l'on a envoyé à Copacabana pour mettre la main sur le
fugitif ? Pour les récompenser de leur bon et loyaux services
envers l'ancien Préfet de Police et leur offrit un week-end au
soleil.
Dénie des promesses de la France, caution d'une procédure
inique, négation du droit à l'oubli, à la
prescription : quand Sarko parle de République ou de
démocratie, j'ai toujours un frisson qui me parcoure
l'échine. Un frisson et des démangeaisons dans les jambes
: il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.
Quand ma gamine de quatre ans fait des bêtises, j'ai une menace
qui la ramène immédiatement au calme : "Attention,
Sarkozy va te mettre en prison !" Ca marche à tous les coups et
amuse l'entourage.
Les libéraux claironnent sur
la disparition des kibboutz israéliens. Rien d'étonnant
à ce triomphe. Le kibboutz offrait un contre modèle au
capitalisme individualiste. Collectivisme forcené, militantisme
comme ciment de ces micros-sociétés,
égalité des rémunérations, absence de
pénétration dans leurs enceintes de la pub, de la mode,
de la consommation à outrance et subsides de l'Etat en cas de
difficultés financières. Tout ce qu'un libéral
déteste.
Le système aura perdurer cent
ans. Pas si mal pour une utopie montée avec des bouts de
ficelle. Cent ans de vie communautaire, sans pauvreté, sans SDF,
sans problème de retraite pour les personnes âgées,
sans délinquance, sans illetrisme.
Il y a un peu plus de dix ans, avec Marina, nous avions vécu le
chant du cygne de ces structures, à Hanita, à quelques
mètres de la frontière libanaise. Nous avions
travaillé dans les vergers, au milieu des orangers. Marina
taillait les jeunes pouces; je conduisais un antique tracteur sur
lequel il fallait taper pour le faire démarrer. Une chambre, un
short et un t-shirt, les repas en commun, la piscine collective, les
soirées de veillées, un petit bar dancing le samedi soir.
Pas de télévision, ni de show à grand spectacle.
De quoi écoeurer les accrocs de la ville et des grandes
surfaces.
Hanita, comme la plupart de ses homologues battait de l'aile. Le
collectivisme a fonctionné avec des volontaires qui optaient
pour ce genre de vie, avec des militants. Avec la progéniture
qui n'avait pas fait le choix d'y naître ou d'y résider,
les premières brèches ont surgi. Puis, l'afflux de
réfugiés économiques de l'Est qui ne rêvait
que du modèle américain a sonné le glas de la
viabilité politique et économique de ce mode de vie. Il
fallait désormais les voitures individuelles, les salaires au
mérite, les vacances dans les hôtels de luxe et tout le
tintouin. L'Etat israélien a cessé de combler les trous
de trésorerie. La privatisation a commencé dans les
années 90 et à progressé à pas de
géants. Demain, les anciens kibboutz deviendront comme les
bourgs de nos campagnes, des villages moribonds. Je ne leur donne pas
dix ans de capitalisme avant de lire leur acte de décès.
Israèl est désormais un Etat colmme un autre et n'incarne
plus le magnifique rêve social des fondateurs. Un petit
nationalisme rabougri. Bon vent !