Le Blog de Marc Viellard
Février 2007
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Paris, le 23 février 2007
Madame,
Par hasard, j'ai regardé le reportage diffusé hier jeudi par France 2 qui décrivait la vie du collège Gabriel Fauré.
Une vague de nostalgie m'a saisi car j'ai accompli en ces lieux ma scolarité secondaire de la sixième au bac. Sans doute, n'ai-je pas figuré parmi les élèves les moins turbulents de l'établissement et mon départ au terme de la terminale, s'il m'a laissé quelques regrets, a dû soulager quelques enseignants de l'époque. C'était en 1979. En dépit d'une conduite plutôt dissipée et d'un emploi du temps plus occupée par la grève et la politique que par le respect des règles de comportement, j'ai acquis suffisamment de savoirs, suivant l'expression actuelle, en vos murs pour sortir quatre ou cinq ans plus tard diplômé de Sciences-Pô et titulaire d'une maîtrise en droit de Paris 2. Comme quoi, le modèle républicain en vigueur dans l'enseignement public n'a rien à envier à son concurrent confessionnel. Il est le seul de surcroît à garantir l'égalité des chances.
Si j'ai pu passer sans grandes difficultés les portes de la rue Saint-Guillaume et en sortir avec un diplôme qu'il paraît que nombre d'élèves du privé jalousent, je le dois largement à mes maîtres de Gabriel Fauré, Michel Cornevin dont j'ai suivi quatre ans les cours d'histoire, Madame Morel en Français, Monsieur Besnault en math, madame Morisot en philo, et tant d'autres dont le nom m'échappe, mais qui m'ont apporté ce dont j'avais besoin. Car, l'éducation dispensée dans votre maison dépassait largement le bourrage de crâne des quelques connaissances nécessaires au bachot ou l'apprentissage moutonnier de la discipline dont se gargarisent les tenants de l'ordre moral.
Dans l'enceinte de Gabriel Fauré, entre ses platanes, son préau et son gymnase, j'ai appris ce que tout honnête homme (qualificatif que j'ai du mal, certes, à revendiquer) devrait cultiver : l'esprit critique et la liberté de penser, le sens de la fraternité et de l'égalité.
J'y ai mené des grèves; de nombreux cours j'ai séché pour participer à un nombre immémorable de manifestations pas toujours pacifiques. Quand des intrus ont tenté de nous rackéter, nous les en avons vite dissuader, pour ne pas dire puni, sans l'aide de la loi ni des forces de l'ordre. A ce moment dans les années 78 et 79, le lycée et le collège avait sporadiquement les honneurs du Monde, car à chaque fois qu'une révolte lycéenne se faisait jour, cinquante ou cent de Gabriel Fauré se trouvaient aux premières loges. Mais ces « faits d'armes » ne font-ils pas partie de l'apprentissage de la citoyenneté ?
Aujourd'hui, journaliste et écrivain (je viens de publier mon sixième livre) et habitant à proximité, je ne puis passer devant la façade de cette maison sans me demander ce qu'elle devient. En vous entendant hier, je me suis trouvé au fond de moi rassuré. L'esprit d'entraide et d'ouverture joue encore à plein. Les enseignants continuent d'y laisser leur santé parce qu'il rêvent toujours de pousser leurs élèves quels que soient leurs handicaps au-delà de leurs limites. Et que vous continuez d'incarner ce pour quoi j'essaie de me battre au quotidien : la laïcité et la République.
Soyez-en remerciée, Madame, vous et ceux qui vous entourent, probablement au nom de milliers d'élèves plus ou moins sages et plus ou moins travailleurs qui ont fréquenté cet établissement.
Cordialement.
Marc Viellard
PS: je ne suis guère meilleur en orthographe aujourd'hui que je ne l'étais en troisième.
Haut de pageCher Camarade, peut-être, cher Monsieur Onfray, à n'en point douter,
N'ayant jamais possédé la carte du Parti Communiste Français, sans doute par excès de marxisme, je me sens assez bien placé pour répondre aux admonestations répandues par votre blog et publiées sous votre signature par Libération. D'autant que je tiens en suspicion les discours qui font choeur avec les hurlements des loups et les propos de salon de la nomenklatura de notre temps.
Qu'on puisse reprocher des erreurs innombrables au PCF, comme à tout acteur de l'histoire, nul le saurait le nier. Mais, les griefs amalgamés et le procès en mauvaise moralité auquel vous vous livrez me paraissent éminemment saupoudrés de marketing et servis avec une sauce quelque peu amer. Pourtant, vous pouvez pour votre cuisine bénéficier des conseils les plus avisés. Non, même s'il s'est trompé, le PCF n'a pas trahi le peuple, ce qui supposerait quelque manoeuvre sournoise de sa part à mille lieu de la réalité.
En gros, votre texte s'il l'on prend le temps d'en reconstituer les coutures, contient deux axes d'attaque. D'abord, les soi-disant compromissions de ce parti au cours et au lendemain de la guerre et, ensuite, sa complicité avec le Stalinisme, présenté comme l'ultime avatar du mal absolu.
Sur le premier point, prétendre que le PCF ait collaboré avec l'occupant nazi est faux. Historiquement faux et intellectuellement malhonnête. Les MOI, Prosper et Guy Moquet ne sont hélas plus là pour en témoigner, mais peut-être quelque bonne encyclopédie internet pourrait-elle vous renseigner à leur sujet. La demande de parution de L'Humanité au cours de l'été 40 s'inscrivait dans la logique de maintien de la présence communiste dans le paysage politique français. Attitude naïve, certes, mais qu'on ne peut taxer de collaborationniste sans une lourde pincée de mauvaise foi. Au même moment d'ailleurs, d'autres accomplissaient des démarches analogues auprès de l'occupant, à commencer par le respectable Arthur Groussier, grand-maître du Grand Orient de France. Rappelez-vous, cher Camarade, peut-être, et Monsieur, à n'en point douter, que le pacte germano-soviétique n'a jamais pris les atours d'une déclaration d'amour entre Ribbentrop et Molotov, mais constituait une manoeuvre d'attente de la part de l'Union soviétique afin de lui permettre de s'armer. Manoeuvre salutaire et qui lui a évité de se faire laminer par la Blitzkrieg au printemps 40. Quant aux fusillés revendiqués par le PC, si leur nombre n'atteignaient pas les soixante-quinze mille, il n'en reste pas moins qu'aucun autre parti n'a déploré autant de pertes au combat dans ses rangs. Ce n'est pas l'opération du Saint-Esprit qui libéra Paris en août 44, pas plus que les gardiens de la paix, anges de la mort devenus résistants de la dernière heure, mais bien le colonel Rol-Tanguy et les FTP auxquels se joignirent les autres groupes de partisans. Au prix de lourdes pertes que vous semblez ignorer.
Quant au PCF, complice du totalitarisme stalinien. Allié, oui. Mais complice, non. Ici encore, à stigmatiser les régimes totalitaires en rejetant dos-à-dos hitlérisme et stalinisme, vous commettez une erreur lourde de conséquences pour un homme de gauche. Car à être de gauche, quels que soient les abus ou atrocités commises sur les ordres de Staline, l'homme de gauche préférera toujours que ses troupes aient triomphé à Stalingrad et non celle du nazisme. Un point, c'est tout.
En fin de compte, sauf à résider sur les versants de quelque Olympe, assistant en spectateur à peine engagé aux combats des héros, force est de reconnaître que, des décennies durant, les partis communistes du monde entier et pas seulement le PCF, ont incarné l'espoir des peuples et des classes opprimées. Il suffit pour s'en convaincre de constater la cheinlit dans laquelle s'enlise les mouvements de libération actuels coincés entre églises et mosquées, entre nihilisme et millénarisme superstitieux.
Une seule interrogation vaut aujourd'hui. La chute du mur de Berlin a ouvert la voie aux rapaces de tout poil sans qu'aucune assistance, ni perspective d'un ailleurs aux lendemains qui chantent ne subsiste pour soutenir les luttes des faibles contre le capital. Alors qu'aujourd'hui, le PCF se voit menacé dans son existence par une campagne électorale dont il n'a sans doute pas les moyens financiers, la question est : qu'est-ce qui pourra le remplacer ?
In fine, cher Camarade, peut-être, et Monsieur, à n'en point douter, il faut choisir son camp. « L'action est manichéenne », disait Malraux dans ses bonnes années. Et, à tout prendre, je préfère le PCF, même celui de Marie-Georges Buffet, à n'importe quel social-libéralisme ou libertarisme.
MV
Tenez, le village de Bazancourt, vous pouvez le voir sur cette photo.
Vendredi 9 février 2007, Paris
Souvent avec Marina revient une vive discussion l'individu et sa place dans la collectivité humaine. Aujourd'hui, elle a éclaté au petit-déjeuner. Je nie l'existence individuelle et prétends que seule la collectivité dispose de la réalité. L'être isolé, à l'image de Robinson sur son île déserte se trouve voué à la mort, rapide et désespérée. L'homme n'existe que par et grâce à son semblable. La solitude, la liberté individuelle ne sont qu'illusions funeste. Je n'existe qu'en fonction et par un milieu économique, social, historique, par mon métier de journaliste et mon activité d'écrivain, par Marina et mes enfants et par l'influence de mes ascendants. Rien dans ce que je fais ou dans ce que dans ce que je dis ou écris n'est de mon cru. L'explication de chacun de mes actes pourrait se lire à travers ma place dans mon temps et dans un lieu déterminé, à savoir cette bonne ville de Paris rongée par les bobos, cette France passée sous la coupe des libéraux ou mon havre de paix et d'écriture de Bazancourt.
Déprimant ? Non ! Bien au contraire. C'est l'existence individuelle qui est désespérante et qui ne débouche que sur une impasse. S'il l'on acquiert la certitude de s'inscrire pleinement dans l'oeuvre humaine, dans la totalité de cette aventure qui a nom l'histoire comme l'atome de carbone, contribue à la vie, la perspective s'éclaire d'un jour nouveau, celui d'un jour infini, sans nuit parce que quand le soleil disparaît d'un côté de la terre, les antipodes s'en réchauffe. Parce qu'avant moi, il y eut d'autres Viellard, des boulangers qui mettaient le meilleur d'eux-mêmes dans leur pain, un Gaston qui a cru en l'avenir lorsqu'il est entre dans les réseaux de Résistance F2, un Henri qui a cherché et cherche encore pourquoi les molécules s'affolent jusqu'à bouter le feu à des immeubles, à des voitures. Parce qu'il y a un Henri, un autre, une Clara prêts à prendre la suite. Et autour, Marina, des copains, des gens biens et pas mal de salauds. Et parce que sans eux tous, je n'existerait pas.
Il faut que j'arrête de me goinfrer du chorizo portugais que ma belle-deuche à apporter de Lisbonne : ça me rend trop sérieux et il n'en restera bientôt plus pour Marina.
Tiens, pour changer. Elles sont belles, tes nanas parisiennes, Miss.Tic. Belles, bien foutues, sensuelles avec leur petites robes noires et leurs jambes aussi longue qu'un roman de Dostoïevski. En tout cas, ses filles peuplent bien nos rues et nos façades bétonneuses du Treizième arrondissement. Des pochoirs qui assurent qu'on peut encore graffiter et décorer la ville autrement qu'avec des pièces de musée. Tes filles, elles me font fantasmer, rêver. Elles donnent envie de les caresser, de les prendre dans vos bras, de poser sa bouche sur leurs lèvres ou sur leur cou. Bravo, Miss.Tic.
Jeudi 8 février 2007, Paris
Hier soir, exposition Darwin organisée par la Ligue de l'Enseignement, dans le 12è, porte de Vincennes. L'occasion de revoir quelques amis et de boire un verre, d'un livre sur le « faire société » et le modèle républicain que nous avons en projet.
Et de se rafraîchir la mémoire au sujet des théories évolutionnistes. Charles Conte, un vrai militant, qui introduisait le débat, m'a appris qu'un livre vantant les inepties créationnistes était diffusé gratuitement à plusieurs milliers d'exemplaires dans les écoles et les collèges français. Il y a toujours des fadas qui prétendent que dieu créa la terre en sept jours ! Et pas chez les ayatollahs ! Chez nous ! Et en plus, ils veulent le faire croire aux autres et en particulier aux plus jeunes.
Ca porte un nom, ce genre de manoeuvre : de la manipulation mentale, comme chez les TJ ou la Sciento. J'en suis à mon second dossier sur les sectes pour Communes de France et finalement, je n'arrive pas à me sortir de l'esprit qu'il n'y a pas grande différence entre les sectes et les religions. Elles mises toutes sur la crédulité humaine et sur le désespoir vis-à-vis de notre destin. Et les pratiques ne sont pas trop différentes. Allez voir les Clarisses.
Moi, le seul aspect qui m'amuse dans ces croyances réside dans leur côté pervers, SM, parfois hard d'ailleurs. Il suffit de voir les types qui se font crucifier pour le vendredi dit saint, ou la cilice des gugus de l'opus dei. En plus, ils n'osent pas s'avouer qu'ils ne sont que des collègues de Sade et de Masoch. Les adeptes se croient forcés d'habiller leurs goûts sado-maso derrière un prétendu pêché. Moi, je suis sûr qu'avec deux séances de psy, ils abandonneraient leur paroisse pour aller dans les caves spécialisées ou les soirées échangistes. Et sans doute la vie leur paraîtrait moins triste que dans leur prison religieuse. Quitte à se faire fouetter autant que ce soit en buvant un coup et avec des créatures qui sentent bon.
« La religion, c'est l'opium du peuple ! » affirme Karl Marx. « La névrose obsessionnelle de l'humanité » renchérit Freud.
Mardi 6 février 2007, Paris
Parfois, on apprécie d'être écrivain et de se voir publier chez un éditeur talentueux (Si, si, Francis, je t'assure !). Cette aubaine permet de se procurer de bons livres auquel sinon on n'aurait sans doute pas prêté attention.
J'ai achevé la lecture du Gréement des Os de Bernard Ascal en me rendant à la conférence de presse de Ville & Banlieue ce matin. En fait, je l'ai dévoré en le savourant. Paradoxal ? Non. Je me jetais sur ce petit livre jaune empli de poème dès que j'avais un quart d'heure devant moi. Chaque page recèle une parcelle de condition humaine avec ses espoirs, ses déceptions, avec ce corps qui nous donne tant de jouissance et de plaisir et que nous traînons souvent comme un boulet carré rivé à notre cheville. De la vie à la mort, Bernard Arnal nous retrace, nous dessine en mots et mélopées. Qui a dit que la poésie avait disparu de ce monde ? Peut-être faudrait-il simplement réapprendre à l'entendre ?
On lit beaucoup de bêtises dans ce monde. Ce blog, les bios de Sarko qui polluent les tables des libraires, des journaux froid comme des blocs opératoires à force de ne pas vouloir se mouiller.
Il faut élaguer l Revenir aux textes, les vrais l
Longtemps, j'ai refusé de consacrer la moindre minute aux textes qui n'avait pas vieilli autant qu'un bon Cognac. Dix ou quinze année me semblait la durée de cave nécessaire pour séparer le bon grain de l'ivraie. Le dernier roman que j'ai exploré, un portugais pure beurre, les Maia d'Eça de Queiroz aurait pu me faire revenir à cette idée. Un authentique chef-d'oeuvre du siècle de Hugo et Flaubert. Et dire que les tenants de la pensée dominante limite la littérature lusitanienne à Fernando Pessoa ! J'aurai pu consacré les interstices dans lesquels je m'engouffre entre deux études médiévales (rédaction des Bâtisseurs oblige) à épuiser la production de ce maître de la satire sociale.
Ascal m'a sauvé cette fois de mes démons passéiste. De Queiroz attendra un peu. Je m'en vais relire les os et leur gréement de ce pas.
Extrait drôle et d'actualité (bonjour Sarko, bonjour Bush !)
« Menacé par rien
Il s'accordaient
Un grand mérite personnel
Pour avoir su
Se protéger de tout »
Pas mal, non ?
Dimanche 4 février 2007, Paris.
Hier, séminaire annuel de la Revue Commune. Presque au milieu des champs, avec des copains, Francis, Roger, Ginette, et les autres. Nous étions une dizaine en tout. Pourquoi une revue alors que le net délivre chaque jour d'avantage d'information, d'image, de son ? Parce que la Revue reste irremplaçable en tant qu'objet, contenu de la pensée, de l'image et de l'écriture de ceux qui y participent. Parce qu'elle seule finalement fait trace. Les supports numériques, vous les perdez à loisir. Nul ne sait combien ils se conserveront. Le papier avec de l'encre dessus demeure la marque de son époque et de ceux qui l'ont fait, de l'écrivain à l'imprimeur. Nul ne saurait lire les nouvelles de Borges ou le théâtre de Sartre sur un écran. Pour celà, il faut un livre ou un recueil.
Le net avec les combinaisons de sons, de graphisme et de texte qu'il autorise n'est qu'un relai, une sorte de carnet qui renvoie à autre chose et cet autre chose, c'est la revue. On ne peut vivre que dans le virtuel.
En tout cas, je m'amuse plus dans Commune que quand j'étais rédacteur en chef d'Humanisme. Je me passe fort bien des pressions démagogiques du Très-Illustre-Grand-Maître-Adjoint-chargé-de-la-Culture et si nous n'avons pas de moyens, au moins savons nous les mettre en oeuvre. La maquette est plus belles et les textes plus finement sélectionné que lorsque je devais publier telle ou telle contribution pour satisfaire l'ego d'un canari ou me battre avec le Conseil de l'Ordre du Grand Orient pour tenter de le convaincre de l'intérêt d'un travail.
La citation d'hier et d'aujourd'hui : « L'exil de l'homme, c'est l'ignorance. Sa patrie, c'est la science. » Honorius d'Autun, XII è siècle.
Vendredi 2 février 2007, Paris
Il y a rien de pire que la charité. Les opérations pièces jaunes de la mère Chirac et du Douillet, les Restos-du-Coeur qui ont glorieusement oublié et dégénéré le projet de Coluche, le Téléthon idiot ne remplaceront jamais un bon et bel impôt bien lourd sur les richards. C'est poilant comme quelques médecins pleins aux as qui s'enfouillent chaque année des 100.000 ou 500.000 euros supplient les smicards de leur filer l'aumône pour financer leurs labos. Comment des vedettes du show-biz qui roulent en Porsche s'offre deux heures de pub à la télé en les mettant sur le dos des sans-abris (Faut pas que je dise du mal de Goldmann, sinon je vais au devant d'une engueulade de Marina). Et puis le pire, c'est sainte Bernadette-des-enfants-malades. Si elle les veut tellement ses maisons d'accueil, elle a cas demandé à son mari de ponctionner les nababs. Remarquez, voilà sans doute belle lurette qu'il ne l'écoute plus, le Président.
Non, la seule générosité qui vaudrait consisterait à monter une collecte pour financer la résistance irakienne contre l'occupant américain (la progressiste, pas les arriérés du Hamas). Pour leur acheter des Kalach, par exemple. Imaginez le slogan : « Contre Bush, offrez une mitraillette à un Irakien ! ». Je suis sûr qu'on ferait un malheur avec une telle campagne.
En résumé, pas de doute : il faut en finir avec les quêtes et la mendicité organisée. Je m'en suis largement expliqué dans Contre Tocqueville.
Pourtant ... Devant le centre commercial Galaxie, place d'Italie, depuis une quinzaine de jours, il y a un vieil homme. Enfin, vieux, on ne sait plus trop ce que le mot signifie de nos jours. Soixante dix ans, un peu plus peut-être, et toutes ses dents. Le bougre passe sa journée face à l'entrée de cette cathédrale du consumérisme avec une chaîne à deux kopecs qui gueule du disco et une vieux pull bleu étendu devant lui pour recueillir les pièces. Et comme il en faut plus qu'un bout de Bee Gees ou de Gloria Taylor pour rameuter les pétasses et les bonnes femmes à chien-chien avec leurs paquets de fringues et de pompes sur les bras, il le danse le disco. Il danse et se trémousse à en perdre haleine. Alors les gens s'arrêtent et lui balancent quelques secondes de curiosité comme un os à un clébard.
Elle en prend un coup, la dignité humaine et l'image de la France. Les Japonnais et les Américains avec leur camé s'en donnent à coeur joie. Allez savoir comment le vioque a échoué sur ce récif émergeant de l'océan d'indifférence parisien. Mais, même s'il avait tué père et mère, voir pire, moi, je ne parviendrais pas à me persuader qu'il a mérité ce sort. Et puis, père et mère et pire, il ne leur a sans doute jamais rien fait. Il suffit qu'il ait travaillé toute sa vie au SMIC pour ne plus avoir de quoi croûter à la retraite. Encore moins se loger.
Le vieux, je lui ai donné cinquante centimes de roros. Pas grand chose, mais de toute façon, je suis aussi fauché en ce moment qu'un pigiste-écrivain. Une pièce jaune, quoi. Une que la Chirac, elle aura pas.
Après, je suis allé acheté un gros paquet de bonbons pour Henri, Clara et moi. Autant en profiter, car demain nul ne sait qui prendra la relève du vieux.
1 février 2007, Paris
Comment vais-je faire, moi qui travaille à domicile ? Moi dont, comme beaucoup de parias de l'usine ou du bureau, le lieu de travail se confond avec le lieu de vie et qui ai bien l'intention de continuer à fumer mon paquet journalier, des blondes anglaises que je savoure depuis mes douze ans, et mon tabac bourré dans ma pipe? Suis-je passible des amendes forfaitaires prévues par les textes anti-tabac si mes enfants ou ma femme me dénoncent aux forces de l'ordre ? Et mes patrons, Alain et Philippe, que risquent-ils si je me vois cloué au pilori par les ayatollahs de la santé publique et privée ? Je n'en dors plus ! Déjà, comme lorsque j'étais collégien, comme aujourd'hui dans les trains, j'envisage de me les griller dans les toilettes ou dans le placard à balai pour ne pas encourir les foudres d'un gardien de la paix zélé qui viendrait frapper à ma porte pour s'assurer que je suis bon citoyen et travailleur soumis, respectueux de la santé de mon chat, mon seul compagnon dans la journée, et que j'épargne les effluves de mon haleine fétide à mes interlocuteurs au téléphone ? Sans parler de l'encrassement que j'inflige au ventilateur de mon ordinateur. Tous victimes de tabagisme passif qui les menace des pires affections pulmonaires et cardiaques. J'en blêmis de honte et envisage de prendre confesseur ou médecin traitant (pléonasme) pour aller me soulager de mes fautes dans son giron.
Je ne vais quand même pas arrêter de fumer !
D'abord jamais je n'ai interdit à quiconque de tousser pendant que je fumais. En la matière, je suis un modèle de tolérance. Ensuite, entre Alzheimer et un bon cancer du poumon expéditif et définitif quinze ou vingt ans plus tôt, je n'hésite pas une seconde. Je me vois mal impotent, dément, légumineux, à chercher à battre des records de longévité aux dépens de mes proches, des infirmières que je n'aurais même plus la force d'honorer à leur juste valeur, et du budget social de la nation qui supporterait le poids du mollusque en lequel je me serais muter. Jean-Pierre Changeux l'a dit et démontré : contre la sénilité, l'herbe de Nicot, y a que ça de vrai.
Et puis la bêtise crasse de quelques non-fumeurs patentés me terrifie. A côté d'Annie L-R qui manifeste à la fois abstinence tabagique et vivacité intellectuelle, à côté de Marina, épouse inspirée et muse, combien de zombies technocratiques, de bobos écolos, de présentateurs de JT, auxquels l'envie me démange d'offrir un paquet ou une bourre pour les stimuler, pour les sortir de leur torpeurs et donner quelques reliefs à leur encéphalogramme ? Croyez-moi, un clope vaut toutes les pilules du monde quand il vous faut pondre un papier, bâtir un synopsis, relire le premier jet de Contre Tocqueville ou des Amants de la Commune. Demandez donc à Malraux, à Vaillant, à Breton, au Che et à Fidel.
Reste ceux que la fumée asphyxie. Mais je vous rassure de ce pas, voilà des mois que j'ai circonvenu un lieu pour qu'ils ne souffrent pas de ma perversité, une zone pour se prémunir de ma pollution :
30 janvier 2007 :
André Glucksmann se dit philosophe. Pourtant sa prise de position dans Le Monde daté de ce jour relève uniquement de l'affectif, d'une sorte de longue plainte désabusée qui ne fait référence qu'à ce qu'il aime et jamais à ce qui est. Pour s'en tenir à son anti-communiste viscéral, il en oublie ceux qui souffrent au quotidien du libéralisme. Pour vanter la verbeuse défense des faibles affichée par l'encore-ministre de l'Intérieur, il passe sous silence les expulsions barbares, le délit de faciès consacré comme méthode de (basse) police à Clichy-sous-Bois ou à Aubervilliers, les bavures des BAC et des CRS. Au moins, ne saurait-il cacher sa haine des arabes et des musulmans, seule explication rationnelle à un discours qui ne relève que du mauvais coeur. A moins qu'on ne lui ait volé sa mobylette ...
L'homme a commencé comme maoïste. Il finit comme disciple de Guy Sorman. Un autre qui défend aussi les libertés individuelles et la libre-entreprise étasunienne. Un autre qui oublie que Friedmann a échoué lorsqu'il a répondu à l'appel des dictateurs sud-américains et qui ne voit pas la baffe que les Chavez et autre cathos réformistes sont en train d'infliger au Grand Frère.
Hé, Glucksmann ! Où se trouve la dictature en ce moment ? Que dois-tu à Bush pour ne pas dénoncer la torture légalisée, les prisons clandestines et Guantannamo ? Toi, le mauvais apôtre des victimes du Communisme. Garaudy, Cat Stevens ont fini dans le giron d'Allah. Toi dans les jupes de Bush. « La vieillesse est un naufrage. » Tu étais hier un nouveau philosophe creux. Tu achèves ta route dans les vieilles ornières.
Demain, Gallo se rangera à côté de Sarko pour les raisons exactement inverses des tiennes. Le coeur encore. Le Goff m'a permis de comprendre une différence essentielle dans la sociologie historique. Celle qui sépare l'intellectuel organique de l'intellectuel critique. D'un côté, Abélard et de l'autre, Rutebeuf. Et, entre deux, une foule de petits ambitieux qui consomment des monceaux de cirage pour franchir la frontière. Moi, de toute façon, je préfère Rutebeuf. Et puis j'ai ce qui lui manquait.
29 janvier 2007 :
Après tout, un blog pourquoi pas ? Il y a tant à dire sur le quotidien de ce monde. Une élection présidentielle qui se présente sous les pires auspices. Un conflit israélo-palestinien qui tourne à la lutte interne entre les factions des territoires.
Un Grand Orient de France qui se fait de plus en plus petit.
Une violence omniprésente et que, pourtant, personne ne veut plus assumer.
Une grand messe de Prophètes de la climatologie qui ont enfin trouvé le moyen de sortir de l'ombre de leurs laboratoires en prédisant l'Apocalypse imminente. Au moins une terreur millénariste de plus, pour que tremblent les femmes au foyer et que pendant ce temps, elles ne râlent pas contre les prix qui grimpent, leur mari au chômage et la maternelle qui ne tardera pas à fermer. Hervé Le Treut en gardien du Temple, en Savonarole, Le retour du religieux moral et castrateur. On en applaudirait presque Allègre s'il n'était jospiniste. Bref, l'escroquerie de la décennie en train de se mettre en place. Un gadget de riche, un alibi pour les exploiteurs, un épouvantail pour débiles et ados boutonneux, une mode à s'en mettre plein les fouilles pour les patrons qui sauront surfer sur la vague.
Des livres à écrire à lire.
Tout une vie un peu décevante parce qu'au fond rien ne permet de déceler pour demain un changement radical, et que le médiocre petit-bourgeois continue jour après jour de tenir le haut du pavé. François Bayrou en constitue la parfaite illustration. Jamais un mot plus haut que l'autre. L'air toujours sérieux et propre sur lui. Une caricature à la Balzac ou à la Eça de Queroz. Rien de plus terne. Dormez en paix, brave gens !
La citation du jour : « J'aime la campagne parce que je suis sûr de ne pas y rencontrer d'écologiste. » Michel Clouscard
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